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Une journée autour des Dérives comportementales – Un entretien avec Gaëlle Hersent, dessinatrice de Bande dessinée et illustratrice, représentante du groupement « Bande dessinée ».

Le 1er avril dernier, l’ADAGP a accueilli une journée organisée par le Snac-BD autour des Dérives comportementales.

Bulletin des Auteurs – Cette journée s’inscrit dans un long processus.

Gaëlle Hersent – Nous travaillons sur ce sujet depuis plusieurs années. Une réflexion a d’abord été conduite avec Muriel Trichet, psychologue clinicienne, sur ce qu’est une dérive comportementale. Cinq brochures ont ensuite été publiées, chacune confiée à un.e spécialiste : « Une perspective psycho-sociale », une étude de Muriel Trichet ; « Une perspective sociologique », par Pierre Nocérino, docteur en sociologie à l’EHESS ; « Une perspective juridique », par Maïa Bensimon, alors responsable juridique de la SGDL ; « Une perspective historique », par Jessica Kohn, docteure en histoire contemporaine ; « Une perspective économique », par Olivia Guillon, maître de conférences en économie à l’Université Sorbonne Paris Nord.

Une première table ronde a réuni, à part Jessica Kohn, qui n’a pu se libérer, les quatre autres personnes, auteurs de ces brochures. Cela a permis un dialogue entre elles, leurs interventions ont pu rebondir les unes avec les autres, nous avons pu voir tous les liens entre les différentes perspectives, comment l’économie influe sur le psycho-social, ou sur le juridique, comment tout est imbriqué. Nous avons pu comprendre comment, autour des dérives comportementales, il peut y avoir différents regards, qui se complètent. 

Quand Olivia Guillon parle des poids économiques des différents acteurs et pointe le fait que, dès qu’un des acteurs a un poids plus fort, il y a un déséquilibre dans la relation, qui a des conséquences sur le plan psycho-social, elle nous donne une clef de compréhension.

Nous avions organisé des webinaires, qui avaient réuni en duo ces cinq spécialistes, mais c’était la première fois que nous pouvions les réunir ensemble. Qu’ils soient présents tous les quatre a créé une synergie très intéressante et riche.

Une deuxième table ronde, modérée par Maïa Bensimon, désormais déléguée générale du Snac, a réuni, entre autres personnes, le juriste du Syndicat national de l’édition, Julien Chouraqui, et Serge Ewenczyk, du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA). Nous y avons envisagé les solutions possibles. Julien Chouraqui nous a présenté le projet, en cours d’élaboration, de la création d’une Commission de médiation entre auteurs et éditeurs. A été évoquée également la possibilité d’appeler la cellule d’écoute psychologique et juridique de lutte contre les violences sexuelles et sexistes pour les professionnel.les de la culture, mise en place par le groupe « Audiens ». La question se pose de savoir si cette cellule peut être appelée en cas de harcèlement moral. Différentes avancées sont donc à noter.

Dans le public d’une quarantaine de personnes étaient présents des étudiant.e.s, des autrices et auteurs, des éditeurs.trices, un directeur de collection, etc. À la suite de chacune des tables rondes a eu lieu un échange avec le public.

C’était très bien de pouvoir parler des dérives comportementales avec tous les acteurs, auteurs comme éditeurs, afin de pouvoir poser des mots, dans un dialogue ouvert, qui reconnaissait l’existence de ce mal-être, d’un côté comme de l’autre. Nous avons mis le doigt sur certains manques, certains vides : le contrat d’édition ne concerne que l’exploitation de l’œuvre, et ne cadre absolument pas la relation de travail. Tous ont pu prendre conscience de cette situation. Nous avons recherché ensemble des solutions, qui sont importantes pour tout le monde.

B.A. – Cette journée a été accueillie par la Société des Auteurs dans les Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP).

G.H. – Le Snac-BD a un lien fort avec l’ADAGP, en partenariat de laquelle nous avons publié notre contrat commenté, et publions chaque année notre calendrier des autrices et auteurs de Bande dessinée.

B.A. – Quelles suites seront-elles données à cette journée ?

G.H. – Nous avons enregistré les échanges, qui pourront être la base d’un « verbatim », et d’une vidéo sur le site du Snac. Nous nous proposons de publier une compilation des interventions, nous y joindrons des pistes qui orienteront les personnes vers quoi faire en cas de harcèlement moral, de violences sexuelles et sexistes. Cette publication pourrait advenir en même temps que « Quai des Bulles », le festival de Saint-Malo, en octobre prochain.