[COMPTE RENDU] Table ronde “Liberté de Création”

Actualités [COMPTE RENDU] Table ronde “Liberté de Création” La table ronde co-organisée par le SNAC & la SRF – Société des Réalisateurs de Films – intitulée “Liberté de Création, censure et autocensure, enjeux et réalités” s’est déroulée le lundi 18 mai sur le Pavillon de la Région PACA, au festival de Cannes. En attendant la captation complète qui sera disponible courant juin, voici quelques extraits des échanges remis en forme. https://youtu.be/qEpmwUJ0rf8 Les représentants de la Commission de Classification des œuvres cinématographiques du Centre National de la Cinématographie, du SPI – Syndicat des Producteurs Indépendants – et de l’Observatoire de la Liberté de Création ont présenté un état des lieux d’autant plus intéressant qu’il intervenait un peu plus de 4 mois après l’attentat à Charlie Hebdo et dans un contexte où le droit au blasphème est à nouveau discuté un peu partout dans le monde. Jean François Mary – Président de la commission de la classification des oeuvres du CNC a présenté les missions de la commission et son mode de fonctionnement, et la composition de son collège composé de 28 membres. Voir la page sur le site du CNC – Voir la brochure pdf sur la commission La commission doit appliquer des textes qui limitent l’accès aux salles en fonction de catégories d’âge, en fonctions de critères, dans le but de la protection des mineurs et d’éviter l’atteinte à la dignité humaine – cas rarissimes car je n’ai pas mémoire du dernier film ayant pu rentrer dans ce cadre. Il pourrait par exemple s’agir de films révisionnistes. Pendant longtemps, le motif d’interdiction était “le trouble à l’ordre public” ce qui donné lieu à des cas de “censure”. Aujourd’hui, les textes ont restreint le cadre de cette police – car c’est une police – à la protection des mineurs : violence et pornographie. A part le film de Jacques Rivette, “La religieuse”, je n’ai pas mémoire d’interdiction de film pour cette raison (Lire plus sur l’affaire en pdf) (JFM). En effet, En France, l’exploitation et la représentation publique d’un film sont soumises, enapplication de l’article L. 211.1 du code du cinéma et de l’image animée, à l’obtention d’un visa délivré préalablement par le ministre de la culture, après avis de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques. L’objectif de ce dispositif est de préserver les enfants et les adolescents des effets indésirables que peuvent avoir sur leur personnalité ou leur développement psychologique les images ou les messages contenus de certaines productions. La question des tranches d’âge peut être discutée : à quel âge est-on mature ? Bien-sûr, la classification entraîne des conséquences sur la diffusion tv, certains films violents ne pouvant alors être diffusés à certaines heures, mais tout ce qui relève des considérations commerciales n’est pas de notre ressort. (JFM) La Commission visionne toutes les oeuvres intégralement ainsi que leur bandes-annonces avant leur sortie, et elle émet un avis après un débat. Soit le film est classé d’office « tous publics » ou bien il peut être frappé d’une interdiction à une catégorie d’âge (moins de douze ans, moins de seize ans, moins de dix-huit ans). Cet avis est transmis au ministre de la Culture qui délivre le visa et suit toujours l’avis de la commission. A titre personnel, je ne suis pas toujours dans la majorité de la commission, j’essaye de tenir un équilibre. Mon message à la commission c’est toujours la prudence. (JFM) Isabelle Parion, ancienne membre de la commission, est maintenant présidente de l’observatoire de la liberté de création. Elle présente cette organisation… Voir site web Nous ne sommes pas un contre poids par rapport à la commission, c’est un groupe de travail de la ligue des droits de l’homme. Mais les formes de censures ou de restrictions imposées aux œuvres et aux artistes ne cessent de se multiplier, et elles empêchent le public de profiter de certaines formes d’arts tout en portant atteinte au débat et à la faculté critique de chacun. La censure vient souvent de gens qui a priori jugent l’oeuvre sans même l’avoir vue. On a de plus en plus de cas depuis janvier, une censure de précaution : des commissaires d’exposition qui devraient être des médiateurs, se transforment en censeurs en supprimant des oeuvres, suite à des pressions de groupes religieux. La notion de la “liberté de création” qui est la notre a été reprise dans un certain nombre de jugements et plus récemment dans la loi, c’est une victoire. Il faut rappeler que le point de vue d’un personnage n’est pas forcément le point de vue de l’auteur, c’est ce qu’on appelle “l’exemption de fiction” Yves Boisset est un réalisateur prolixe. Il a tourné 51 films à ce jour, dont 35 ont été frappés par des mesure de restriction par la Commission ou des coupes imposées directement par les ministères. Il était donc logique pour lui de participer à la table ronde… Mon film “Dupond Lajoie” embarrassait la censure car il n’était pas tendre pour la police et la justice, le sujet était le racisme ordinaire. Le Groupe Charles Martel avait attaqué le tournage à la grenade et avait tiré sur l’un des comédiens du film… La commission avait donné une interdiction -16 sous prétexte de violence et pornographie… Je pense que les censeurs sont malsains car on m’a reproché des plans du sexe d’Isabelle Huppert qui n’étaient pas dans le film ! Dans la scène de la ratonnade, je n’ai jamais tourné le plan d’une tête qui explose. Alors, nous avons représenté la même copie, faussement coupée aux endroits incriminés, et ils l’ont approuvé avec une classification -13 ! Mais la vraie censure, c’est la censure économique : si vous avez un film dérangeant, critique par rapport aux institutions : pas d’argent. Le cinéaste Reza Serkanian a subi la censure de son film avant même la sortie en salle, dans son pays, l’Iran. http://www.serkanian.com/ Quand un film est censuré au moment de sa sortie, le film est fait, ce qui est plus dangereux, c’est la censure avant, dès l’écriture. J’ai un film à mon actif, par rapport à Yves Boisset, il m’en reste donc encore 50 à faire ! Mais combien en ferai-je vraiment ? Nous devons déranger, foutre le bordel, c’est le but de ma génération, ce devrait être
[OUTILS] – Présentation officielle de la Convention Initiale Entre Auteurs

Actualités [OUTILS] – Présentation officielle de la Convention Initiale Entre Auteurs La « Convention Initiale entre Auteurs » est un nouveau type de contrat sous seing privé mis à disposition des collectifs d’auteurs au moment du développement de leurs projets communs, lorsqu’ils travaillent ensemble sans commande ni contrat d’option ou de cession. C’est une convention qui s’adresse essentiellement aux scénaristes, soucieux de clarifier leurs rapports en fixant de gré à gré les termes exacts de leur collaboration. Le document sera présenté officiellement pour la première fois au Festival de Cannes en mai 2015. Téléchargez la dernière version ici : http://www.snac.fr/site/2016/02/doc-la-convention-initiale-entre-auteurs/. Le but de cette convention est de définir leurs apports respectifs de chacun des coauteurs au cours des différentes étapes d’écritures. Il s’agit notamment d’y établir la clef de répartition des pourcentages de droits d’auteurs revenant à chacun, au moment de la signature de leurs contrats en bonne et due forme avec un producteur. Par la ratification mutuelle de cette convention, il s’agit de leur éviter les principaux litiges qui pourraient survenir entre eux, jusqu’à l’engagement tant attendu d’un producteur. Les temps d’écritures des projets cinématographiques ou audiovisuels « on spec » sont longs et les équipes fluctuantes, surtout quand elles ne sont pas financées. Les anecdotes sont malheureusement nombreuses dans notre profession au sujet de brouilles qui ont gelé des scripts ou empêché leur mise en production. Leur volume est difficilement quantifiable puisque ces projets avortés restent pour la majorité d’entre eux invisibles. Les disputes, elles, restent malgré tout bien réelles et la plupart du temps taboues. Elles entraînent souvent des dommages psychologiques importants pour les plus sensibles d’entre nous : stress, sentiment d’injustice ou de spoliation, humiliation ; sans compter le spectre des procédures pénales qui peut faire plus de dégâts encore, au cas où les différends viendraient à s’envenimer au-delà du raisonnable. Dans le processus de professionnalisation des métiers du scénario, cette Convention Initiale entre Auteurs vise à mettre un terme à ces gâchis de temps, d’énergie, d’argent et de talent qui affectent toute la filière, institutions comprises. La nouvelle étude qui a précédé la rédaction de ce document est à l’initiative du Groupement Audiovisuel du Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs. Elle a été amendée par l’Association Française des Producteurs de Films qui en fait la présentation à nos côtés au Festival de Cannes. Voici donc notre contribution syndicale au 7e Art. Nous espérons que tous les auteurs s’en empareront quand ils œuvreront ensemble ; qu’elle sera profitable à la sérénité de tous et à l’aboutissement de plus nombreux projets. DOMINIQUE DATTOLAScénariste & RéalisateurVice Président du SNAC